Les poissons

Sculpture murale (filaire)

Les poissons

Sculpture murale (filaire)
Descriptif
Technique :
Mixte - Sculpture murale sur fond de toile peinte
Format :
70 H x 85 L cm
Information :
Pièce unique
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Suivre le courant.

Mes pas résonnent sur l’asphalte, il fait encore nuit noire lorsque je m’approche du quai de la gare. Tous les matins, j’y attends le train. Malgré la pénombre, j’observe autour de moi et fixe le bout du quai en espérant apercevoir ces deux yeux lumineux approchés. Les minutes défilent et le train se fait désirer.

Progressivement, d’autres voyageurs arrivent et nous attendons silencieusement. Plongés dans cette immensité noire, nous attendons que la bête métallique apparaisse. Après quelques instants, transperçant la nuit, nous apercevons deux petits faisceaux de lumière. Ces deux yeux s’agrandissent en s’approchant du quai. Dans la pénombre, la foule de voyageurs s’agite telle un banc de poissons voulant se frayer un chemin à contre-courant.

Le monstre nous ouvre ses entrailles, sans hésitation, la marée humaine s’engouffre avec précipitation dans son estomac. Les portes se referment difficilement sur cette masse opaque. Cet amas de ferraille redémarre dans un bruit sourd, laissant derrière lui le quai de la gare dans un silence assourdissant. Ce silence sera de courte durée. Le quai se remplit déjà de nouvelles proies. Dans les wagons, la remontée du courant des poissons se matérialise lorsque certains voyageurs essaient de se faire un chemin en jouant des coudes pour obtenir une place assise. Cette remontée est pénible et solitaire en se soldant souvent par un échec.

Les autres poissons resteront debout, agglutinés, les uns contre les autres. Parfois, ils se débattent et frétillent pour obtenir un peu plus de place, en vain. Nous attendons tous avec impatience les prochains arrêts pour profiter d’un mince courant d’air nous permettant de respirer. Dans un effort de contorsion hors normes nous arrivons à faire un peu de place aux nouveaux arrivants. Finalement, arrivés à destination, la bête relâche sa prise et les voyageurs se dispersent énergiquement rejoignant d’autres cours d’eau.

 

Texte de : Elle